L'indispensable enquête. Sixième partie.
Verdict
Quel plaisir de vous revoir encore, quel soulagement aussi, de voir que vous ne perdez pas le fil dans cette enquête aussi déroutante qu’indispensable ! La dernière fois, je vous avais raconté que j'avais dérobé un élixir contre les « cheveux fugueurs », dont la formule se trouvait dans le fameux petit livre rouge de l’étrange monsieur J.V.
Tester le mélange sur quelqu’un, dégarni de préférence, était évidemment mon nouvel objectif. S’il marchait, cela confirmerait l'hypothèse que l'homme au jogging vert serait une espèce de sorcier des temps modernes dont la bicoque regorge de grimoires...
Le cobaye que je vise est mon voisin. Il est bien déplumé du dessus…je le vois bien. Lui, il veut faire croire que non, avec sa mèche transparente en couverture sur la tête, soigneusement peignée pour donner l’illusion d’une crinière de jeune premier. Il balance tout d’un côté, et hop, le tour est joué. Enfin…il se joue un tour à lui même. Tout le monde voit bien qu’il est dégarni. Tout le monde s’en fiche, même. Mais tout le monde ne s’en fiche pas qu’il se coiffe de la sorte. Tout le monde ne s’en fiche pas qu’il essaye de nous duper avec sa coiffure de coq battu. Voilà, c’est ça, il a une crête molle sur la tête. Une crête de coq déchu. On le préfèrerai sûrement tous avec une bonne tête de vautour royal. Mais non, lui se préfère en coq à l’air déchu et renfrogné ; alors tout le monde se fiche de lui.
Que vais-je bien raconter à mon voisin complexé du cuir chevelu ?
« Bonjour monsieur Ducoq ! Que diriez-vous d’un petit remède pour faire revenir les cheveux qui ont fugué, un remède qui vous redonnerait l’air d’un coq très chouette ! »
Sûrement qu’il me fermerait mon clapet aussi sec en me rétorquant :
« Non mais de quoi elle se mêle, la dinde ? »
Je dois donc trouver un scénario futé pour arriver à mes fins.
Quelques instants plus tard, je fais le pied de grue dans les escaliers de mon immeuble, mes skis sur l'épaule: en fait, j'attends que monsieur Ducoq daigne montrer son bec…
Le cobaye que je vise est mon voisin. Il est bien déplumé du dessus…je le vois bien. Lui, il veut faire croire que non, avec sa mèche transparente en couverture sur la tête, soigneusement peignée pour donner l’illusion d’une crinière de jeune premier. Il balance tout d’un côté, et hop, le tour est joué. Enfin…il se joue un tour à lui même. Tout le monde voit bien qu’il est dégarni. Tout le monde s’en fiche, même. Mais tout le monde ne s’en fiche pas qu’il se coiffe de la sorte. Tout le monde ne s’en fiche pas qu’il essaye de nous duper avec sa coiffure de coq battu. Voilà, c’est ça, il a une crête molle sur la tête. Une crête de coq déchu. On le préfèrerai sûrement tous avec une bonne tête de vautour royal. Mais non, lui se préfère en coq à l’air déchu et renfrogné ; alors tout le monde se fiche de lui.
Que vais-je bien raconter à mon voisin complexé du cuir chevelu ?
« Bonjour monsieur Ducoq ! Que diriez-vous d’un petit remède pour faire revenir les cheveux qui ont fugué, un remède qui vous redonnerait l’air d’un coq très chouette ! »
Sûrement qu’il me fermerait mon clapet aussi sec en me rétorquant :
« Non mais de quoi elle se mêle, la dinde ? »
Je dois donc trouver un scénario futé pour arriver à mes fins.
Quelques instants plus tard, je fais le pied de grue dans les escaliers de mon immeuble, mes skis sur l'épaule: en fait, j'attends que monsieur Ducoq daigne montrer son bec…
Aussitôt qu’il a poussé la porte d’entrée de l’immeuble, je descends les marches pour le rejoindre, l'air de rien. Comme je l’avais espéré, il se dirige vers sa boîte à lettres. Alors je me précipite vers lui, faisant mine moi aussi d’aller chercher mon courrier. Absorbé par la lecture de ses enveloppes, il me salue distraitement. J’en profite pour lui assener un grand coup de ski sur la tête. La violence du choc lui fait taper le front dans la porte de sa boite à lettres qui se ferme puis s’ouvre de nouveau.
Moi : « Oh ! Pardon Monsieur Ducoq, j’étais si pressée de voir si j’avais du courrier que je n’ai pas fait attention… ça va ? vous n’avez pas trop mal ? »
Lui (Se frottant la crête, et retenant tant bien que mal sa colère) : « Ah, mais tout de même Mademoiselle Cannelle, vous y êtes allée un peu fort ! Vous êtes sûre que vous n’avez pas besoin de lunettes ? »
Moi : « Ben, à vrai dire, j’en sais rien… Laissez moi regarder votre tête (je lui prends la tête sans qu’il ait le temps de ciller). Houlà ! Mon dieu, quelle bosse ! Il faut faire quelque chose. Ecoutez, j’ai dans ma pharmacie une pommade très efficace contre les hématomes. L’enflure va disparaître et vous irez beaucoup mieux. C’est un remède de grand-mère. »
Lui(Se recoiffant la crête tant bien que mal, un peu gêné que j’ai vu son « sommet »nu) : « C'est-à-dire que… »
Moi (L’air suppliant) : « S’il vous plaît monsieur Ducoq, je vous en prie, acceptez, c’est pour me faire pardonner. Si vous n’acceptez pas, je m’en voudrai toujours de vous avoir fait du mal ! »
Lui (Résigné): « Bon, alors c’est d’accord. »
Folle de joie, et très fière de mon coup monté, je m’envole jusqu’à mon appartement afin de m’emparer du mélange volé chez Monsieur J.V.
Quelques secondes plus tard, je masse doucement la tête de mon voisin avec la potion...
Monsieur Ducoq : « Ben dîtes donc, quelle odeur, votre pommade…avec quoi est-elle donc faite ? L’odeur en ferait presque oublier la douleur… »
Je ne réponds pas à monsieur Ducoq, je pense trop à ce qu’il va advenir de son crâne. Et si monsieur J.V était un simple illuminé qui se prenait pour un savant ?
Le lendemain, une file humaine incroyable est postée devant la pharmacie de mon quartier. Du jamais vu. Deux vautours royaux s’agitent en fin de queue. Je tends l’oreille pour entendre la conversation chuchotée des deux hommes, je veux comprendre ce qu'il se passe :
« Oui, monsieur, 5 ans je vous dis… 5 ans que l'ami Ducoq se mettait de la lotion Bosch Veux contre la chute des cheveux …il me l’avait confié un jour… Je l’ai vu pas plus tard que ce matin, il a de beaux cheveux bien brillants et vigoureux comme ceux d’un jeune homme…C’est quand il y a eu la bourrasque…Sa mèche ne s’est pas relevée comme d’habitude pour découvrir son crâne chauve. Ses cheveux sont bien plantés sur la tête, solides comme du crin…Il s’est réveillé comme ça ce matin… Comme quoi, ça vaut le coup d’essayer, non ? Oui, oui, ils en ont ici... J'espère qu'il en restera quand notre tour viendra».
Moi : « Oh ! Pardon Monsieur Ducoq, j’étais si pressée de voir si j’avais du courrier que je n’ai pas fait attention… ça va ? vous n’avez pas trop mal ? »
Lui (Se frottant la crête, et retenant tant bien que mal sa colère) : « Ah, mais tout de même Mademoiselle Cannelle, vous y êtes allée un peu fort ! Vous êtes sûre que vous n’avez pas besoin de lunettes ? »
Moi : « Ben, à vrai dire, j’en sais rien… Laissez moi regarder votre tête (je lui prends la tête sans qu’il ait le temps de ciller). Houlà ! Mon dieu, quelle bosse ! Il faut faire quelque chose. Ecoutez, j’ai dans ma pharmacie une pommade très efficace contre les hématomes. L’enflure va disparaître et vous irez beaucoup mieux. C’est un remède de grand-mère. »
Lui(Se recoiffant la crête tant bien que mal, un peu gêné que j’ai vu son « sommet »nu) : « C'est-à-dire que… »
Moi (L’air suppliant) : « S’il vous plaît monsieur Ducoq, je vous en prie, acceptez, c’est pour me faire pardonner. Si vous n’acceptez pas, je m’en voudrai toujours de vous avoir fait du mal ! »
Lui (Résigné): « Bon, alors c’est d’accord. »
Folle de joie, et très fière de mon coup monté, je m’envole jusqu’à mon appartement afin de m’emparer du mélange volé chez Monsieur J.V.
Quelques secondes plus tard, je masse doucement la tête de mon voisin avec la potion...
Monsieur Ducoq : « Ben dîtes donc, quelle odeur, votre pommade…avec quoi est-elle donc faite ? L’odeur en ferait presque oublier la douleur… »
Je ne réponds pas à monsieur Ducoq, je pense trop à ce qu’il va advenir de son crâne. Et si monsieur J.V était un simple illuminé qui se prenait pour un savant ?
Le lendemain, une file humaine incroyable est postée devant la pharmacie de mon quartier. Du jamais vu. Deux vautours royaux s’agitent en fin de queue. Je tends l’oreille pour entendre la conversation chuchotée des deux hommes, je veux comprendre ce qu'il se passe :
« Oui, monsieur, 5 ans je vous dis… 5 ans que l'ami Ducoq se mettait de la lotion Bosch Veux contre la chute des cheveux …il me l’avait confié un jour… Je l’ai vu pas plus tard que ce matin, il a de beaux cheveux bien brillants et vigoureux comme ceux d’un jeune homme…C’est quand il y a eu la bourrasque…Sa mèche ne s’est pas relevée comme d’habitude pour découvrir son crâne chauve. Ses cheveux sont bien plantés sur la tête, solides comme du crin…Il s’est réveillé comme ça ce matin… Comme quoi, ça vaut le coup d’essayer, non ? Oui, oui, ils en ont ici... J'espère qu'il en restera quand notre tour viendra».
Voilà. Le verdict est tombé : monsieur Ducoq a une crinière de lion sur la tête, ce qui prouve que l’étrange bonhomme au jogging vert est une espèce de sorcier détenant une foule de formules magiques dans sa minuscule bicoque retirée de la ville. Mon indispensable enquête est maintenant plus qu’indispensable…elle est en plus extraordinaire…Je vous l’avais déjà dit ? Peu importe…
Au fait, en plus de faire pousser les cheveux, elle fait disparaître l’air renfrogné. J’ai croisé mon voisin tout à l’heure, il était gai comme un pinson.
Et maintenant, que vais-je faire ? Ça, vous le saurez bien assez tôt…
Salutations dissipées.
Au fait, en plus de faire pousser les cheveux, elle fait disparaître l’air renfrogné. J’ai croisé mon voisin tout à l’heure, il était gai comme un pinson.
Et maintenant, que vais-je faire ? Ça, vous le saurez bien assez tôt…
Salutations dissipées.