Petit moment de bonheur attrapé aujourd'hui au travail...
15h00. Classe de CM1.
Je présente l'auteur : Keith Haring. "Je vous montre sa tête".
C'est important pour moi la tête de l'artiste.
Très. Un peu comme un trésor que je découvre derrière la toile. Comme si je regardais par le trou de la serrure.
Beaucoup de gens disent qu'il faut se détacher de l'auteur, qu'il faut considérer une oeuvre comme une entité. Soit.
Il ya certainement une raison à éprouver ce besoin compulsif de voir qui fait ceci ou cela.
Peut-être est-ce pour vérifer qu'il s'agit bien de l'oeuvre d'un être humain?
"1958-1990, à quel âge il est mort, vous voulez savoir? Faites le calcul ... oui, il est mort jeune... Il était malade du Sida. Une maladie qui se met dans le sang et qui tue. Bref. Voilà son langage, ses symboles. Il dessinait à la craie dans le métro au début. Mais il n'avait pas le droit, alors les policiers le poursuivaient..."
Après l'observation du chien à tête carrée, du bébé à quatre pattes, de la soucoupe volante et du bonhomme troué sur fond de coeur couronné, un élève m'interpelle:
"Vous êtes sûre que ça s'écrit comme ça Keith, ça s'écrit pas plutot K.I.S.S?"
"Ah oui, ça se ressemble en effet mais ce n'est pas le même mot...ce n'est pas tout à fait la même prononciation si on écoute bien. Kiss Haring. Bisou. C'est joli comme prénom!"
Et après avoir vécu l'expérience de la craie sur papiers noirs dans les couloirs de l'école, mais sans les policiers, j'ai eu de jolies surprises : un élève est venu me chercher pour me demander s'il avait le droit de dessiner un chien troué.
Oui mille fois.La prochaine fois, on pourra même dessiner un bébé troué avec une tête de chien carré.
Créer s'est s'emparer.
Sans tarder.