18.1.14

Bien sûr on avait pris l’arbalète au lieu du couillard.

On s’enfuyait vers quelqu’un qui  pouvait nous oublier du jour au lendemain , on  croyait mieux savoir, on croyait  compter plus et puis plus rien.
On se retrouvait comme un soufflé affaissé balayé par un temps infime  et sans scrupule.
Le temps de la chaleur, c’était beau, c’était bien.
On avait quand même pris un peu le temps de se regrouper, de se retrouver au milieu de cette ivresse inopinée. On s’était dit que cela risquait de partir à grandes enjambées, alors on empêchait le sourire niais de poindre son nez. On refusait de montrer sa perte de contrôle, on dissimulait  sa joie de peur qu’elle nous porte malheur. On s’était appliqué à se préparer à la souffrance éventuelle qu’occasionne toujours cet élan. On s’était armé mais pas suffisamment. Bien sûr on avait pris  l’arbalète au lieu du couillard. On se retrouvait alors atteint de  partout mais pas trop quand même, car on s’était préfiguré la douleur.
On se retrouvait finalement  face à notre âme qui nous demandait la direction exacte de nos déplacements.
                                                                                 Cannelle Beck.