On s’enfuyait vers quelqu’un qui pouvait nous oublier du jour au lendemain , on croyait mieux savoir, on croyait compter plus et puis plus rien.
On se retrouvait
comme un soufflé affaissé balayé par un temps infime et sans scrupule.
Le temps de la chaleur, c’était beau, c’était bien.
On avait quand même pris un peu le temps de se regrouper, de
se retrouver au milieu de cette ivresse inopinée. On s’était dit que cela
risquait de partir à grandes enjambées, alors on empêchait le sourire niais de
poindre son nez. On refusait de montrer sa perte de contrôle, on
dissimulait sa joie de peur qu’elle
nous porte malheur. On s’était appliqué à se préparer à la souffrance
éventuelle qu’occasionne toujours cet élan. On s’était armé mais pas
suffisamment. Bien sûr on avait pris
l’arbalète au lieu du couillard. On se retrouvait alors atteint de partout mais pas trop quand même, car on
s’était préfiguré la douleur.
On se retrouvait finalement face à notre âme qui nous demandait la
direction exacte de nos déplacements.
Cannelle Beck.