La dernière fois, je vous avais dit que le personnage au jogging vert portait sûrement de fausses lunettes, que le chien-serpillière n’avait pas le regard franc et qu’il y avait sûrement une explication à l’apparition régulière du tandem à cette heure précise de la matinée (sept heures trente je vous le rappelle). J’ai quand même mis plusieurs jours à me remettre de ma première intervention qui était éprouvante tant psychologiquement que physiquement…
Ouh là ! Je vois d’ici votre air goguenard...
J’aurais voulu vous y voir, vous, affublé tout d’abord d’un horodateur trop cher, et jouer ensuite le difficile rôle d’une passante qui ne fait que passer en demandant l’heure à une personne terriblement verte et inquiétante !
Avant de poursuivre, je préfère, par souci d’honnêteté, vous informer des risques que vous encourez à suivre cette affaire…
Si vous n’avez pas le cœur et les idées bien accrochées, ne lisez surtout pas ce qui suit : cela pourrait nuire gravement à votre santé mentale et même vous filer des cauchemars terribles.
Exemple : vous êtes dans l’eau et vous voulez gifler quelqu’un qui vous insulte de tous les noms de poissons et rit en même temps en regardant un complice, qui vous traite de bon à rien, de lâche etc. La personne est pile en face de vous.
Vous écartez votre bras du corps d’un geste ample vers l’arrière histoire de prendre un élan égal à votre colère. Votre main est remplie de haine. Vous la rabattez vers votre tyran, mais l’eau étouffe la violence de votre geste en le freinant, noie la claque du siècle, et vous renvoie toute votre colère à la figure. Alors, fou de rage, vous vous approchez de la langue de vipère pour lui sauter à la gorge, mais celle-ci est malheureusement juste un poil trop loin, et vous ne parvenez jamais à l’atteindre… votre fureur, qui était déjà décuplée, quadruple etc.
Ouh là ! Je vois d’ici votre air goguenard...
J’aurais voulu vous y voir, vous, affublé tout d’abord d’un horodateur trop cher, et jouer ensuite le difficile rôle d’une passante qui ne fait que passer en demandant l’heure à une personne terriblement verte et inquiétante !

Si vous n’avez pas le cœur et les idées bien accrochées, ne lisez surtout pas ce qui suit : cela pourrait nuire gravement à votre santé mentale et même vous filer des cauchemars terribles.
Exemple : vous êtes dans l’eau et vous voulez gifler quelqu’un qui vous insulte de tous les noms de poissons et rit en même temps en regardant un complice, qui vous traite de bon à rien, de lâche etc. La personne est pile en face de vous.
Vous écartez votre bras du corps d’un geste ample vers l’arrière histoire de prendre un élan égal à votre colère. Votre main est remplie de haine. Vous la rabattez vers votre tyran, mais l’eau étouffe la violence de votre geste en le freinant, noie la claque du siècle, et vous renvoie toute votre colère à la figure. Alors, fou de rage, vous vous approchez de la langue de vipère pour lui sauter à la gorge, mais celle-ci est malheureusement juste un poil trop loin, et vous ne parvenez jamais à l’atteindre… votre fureur, qui était déjà décuplée, quadruple etc.
Et comme il s’agit d’un cauchemar, il n’y a pas de fin heureuse bien entendu.
Maintenant, à vous de voir. Si vous voulez, vous pouvez remplacer l’exemple qui précède par l’un de vos pires cauchemars pour réaliser vraiment les risques auxquels vous vous exposez.
Moi, je continue. Après tout, chacun est libre de faire comme il veut.
Maintenant, à vous de voir. Si vous voulez, vous pouvez remplacer l’exemple qui précède par l’un de vos pires cauchemars pour réaliser vraiment les risques auxquels vous vous exposez.
Moi, je continue. Après tout, chacun est libre de faire comme il veut.

Objectif de l’intervention : poursuivre l’individu au jogging vert et son soi -disant chien (j’ai enfin réussi à trouver la race de l’animal au museau de traviole : il s’agit d’un barbet-wassingue.)
Afin de ne pas me faire voir au cas où le suspect arriverait effectivement depuis le ciel ou les souterrains sur le trottoir de l’avenue Maréchal Foch, je prends la décision de l’attendre cette fois-ci dans ma propre voiture, me servant du toit et du plancher comme camouflage.
Trop absorbée par la lecture de mon ticket horodateur, je loupe une nouvelle fois leur arrivée. Je ne suis donc toujours pas en mesure de vous dire s’il atterrit, émerge ou débarque sur le trottoir… c’est énervant à la fin ces tarifs hors de prix pour seulement laisser sa voiture quelque part, n’ai-je pas raison ?
En dépit de cette contrariété, j’entame ma filature aussitôt que l’individu a dépassé ma voiture, à exactement 7 heures trente et une minutes précises, aussi précises que le sont mes recherches.
Moi derrière, eux devant, je peux enfin observer l’homme et son chien plus en détail. Vu comme le barbet-wassingue tire sur la laisse je me dis que c’est finalement lui qui dirige la balade et de ce fait promène son maître, une vraie lavette. Ils sont bien assortis.
Le maître tente en vain de faire obéir l’animal à coups de « ha, ho et hue », et là, je commence à comprendre pourquoi sa serpillière de chien ne l’écoute pas : il lui parle comme à un cheval.
Je me dis que pour mieux se faire écouter il ferait mieux de s’asseoir à califourchon sur sa serpillière et d’utiliser une cravache. Mais bon, j’écarte de suite cette idée en raison de l’absence d’étriers sur le chien et de cravache dans la main du bonhomme (malhomme , qui sait ?)
J’étais dans ces pensées dignes des plus grands scientifiques quand je m’aperçois soudain que le chien n’en est pas un (comme quoi, il faut toujours se fier à ses premières impressions).
Non, vous avez bien lu, il s’avère que le chien n’en est pas un : avez- vous déjà vu un chien baisser son arrière train pour uriner ? Non. Moi non plus. J’en conclus donc avec la perspicacité qui me caractérise que la serpillière est une chienne.
Cette trouvaille me conforte dans l’idée qu’il est impératif de poursuivre l’enquête et qu’il y a forcément des tas d’autres choses à découvrir...



Le type en vert s’arrête soudain devant une drôle de bicoque située à la sortie du village que nous venons de traverser. Après avoir jeté un rapide coup d’œil aux alentours, il tourne la clé dans la serrure de la porte d'entrée. Bien entendu, il ne s'est pas rendu compte de ma présence : je suis toujours invisible grâce à mon toit et mon plancher de voiture qui peuvent également me servir de bouclier, le cas échéant. Avouez que c’est astucieux !

Quoi, après ?
Après, il s’est évaporé à l’intérieur de la maison avec son chien…et…


Après, il s’est évaporé à l’intérieur de la maison avec son chien…et…
Oh, et puis vous m’agacez avec toutes vos questions. Je vous avais prévenu que cette enquête serait longue et difficile, un peu de patience, que diable!
Photo 1:(rue/homme): P.Agostini . Photo 2(vitre) : L.Barrilliot - Photo 8:(jardin bicoque):V.Cordebard