L'indispensable enquête. Deuxième partie.
Toujours dans le cadre de mon enquête inouïe, je vous rapporte les nombreux éléments recueillis ce jour (non sans peine et au prix d’ingénieux stratagèmes).
Ce matin, 7 heures et trente minutes pile, boulevard Maréchal Foch, j’attends fébrilement l’étrange personnage au jogging vert et au simili –chien. Je suis très habilement dissimulée derrière un horodateur pour des raisons purement techniques dont je préfère garder le motif secret… bon, alors pour vous seulement et très brièvement : je n’ai jamais de montre, et il me fallait lire l’heure absolument pour voir si l’heure à laquelle allait passer ou pas l’olibrius correspondrait bien à l’heure que je vous avais communiquée lors de mon rapport précédent ; avouez que c’était très bien pensé de ma part.
En quelques secondes, l’homme au survêtement vert apparaît sur le trottoir avec sa bête noire. Mais comme je suis trop occupée à regarder l’heure sur l’horodateur ainsi que les tarifs à la demi-heure, figurez-vous que je ne vois pas de quel côté il arrive… je suis donc forcée d’émettre l’hypothèse qu’il arrive peut-être non pas par l’un des côtés du trottoir mais par le dessus ou le dessous…
Quoi qu’il en soit, je mets immédiatement mon plan numéro un à exécution : le croiser « par hasard » (un bon détective ne perd jamais ses objectifs de vue).
Je dois agir très vite, mais sans précipitation.
Pour paraître naturelle, je quitte nonchalamment l’horodateur et me met à marcher en direction du bonhomme.
Je suis sûre que c’est bien lui : même casquette pétaouchonesque, même jogging vert chimique, même chien au bout de la laisse (c’est bien un chien : certainement issu d’un croisement entre un caniche et une serpillière).
L’écart entre nous deux diminue peu à peu, preuve qu’au moins l’un de nous deux continue d’avancer. C’est le moment d’établir le contact et d’en savoir davantage sur lui.
A toute allure et tout en continuant de marcher, je pense aux différentes entrées en matière possibles pour l’accoster, j'écarte celles susceptibles de faire capoter mon enquête :
-Vous avez du feu ?
(Non : je ne fume plus, je n’ai pas de cigarettes et mimer une fumeuse pourrait lui mettre des doutes sur ma véritable identité)
-Dites-moi, c’est bien un chien que vous avez au bout de votre laisse ?
(Non plus : pourrait le vexer, et le « dites-moi » est trop inquisiteur)
-Dites, vous trouvez pas qu’il est un peu trop vert votre jogging, vous savez que vous pouvez vous faire arrêter pour attentat à la couleur ?
(Surtout pas : trop subjectif avec risque de bourre-pif)
Ce matin, 7 heures et trente minutes pile, boulevard Maréchal Foch, j’attends fébrilement l’étrange personnage au jogging vert et au simili –chien. Je suis très habilement dissimulée derrière un horodateur pour des raisons purement techniques dont je préfère garder le motif secret… bon, alors pour vous seulement et très brièvement : je n’ai jamais de montre, et il me fallait lire l’heure absolument pour voir si l’heure à laquelle allait passer ou pas l’olibrius correspondrait bien à l’heure que je vous avais communiquée lors de mon rapport précédent ; avouez que c’était très bien pensé de ma part.
En quelques secondes, l’homme au survêtement vert apparaît sur le trottoir avec sa bête noire. Mais comme je suis trop occupée à regarder l’heure sur l’horodateur ainsi que les tarifs à la demi-heure, figurez-vous que je ne vois pas de quel côté il arrive… je suis donc forcée d’émettre l’hypothèse qu’il arrive peut-être non pas par l’un des côtés du trottoir mais par le dessus ou le dessous…
Quoi qu’il en soit, je mets immédiatement mon plan numéro un à exécution : le croiser « par hasard » (un bon détective ne perd jamais ses objectifs de vue).
Je dois agir très vite, mais sans précipitation.
Pour paraître naturelle, je quitte nonchalamment l’horodateur et me met à marcher en direction du bonhomme.
Je suis sûre que c’est bien lui : même casquette pétaouchonesque, même jogging vert chimique, même chien au bout de la laisse (c’est bien un chien : certainement issu d’un croisement entre un caniche et une serpillière).
L’écart entre nous deux diminue peu à peu, preuve qu’au moins l’un de nous deux continue d’avancer. C’est le moment d’établir le contact et d’en savoir davantage sur lui.
A toute allure et tout en continuant de marcher, je pense aux différentes entrées en matière possibles pour l’accoster, j'écarte celles susceptibles de faire capoter mon enquête :
-Vous avez du feu ?
(Non : je ne fume plus, je n’ai pas de cigarettes et mimer une fumeuse pourrait lui mettre des doutes sur ma véritable identité)
-Dites-moi, c’est bien un chien que vous avez au bout de votre laisse ?
(Non plus : pourrait le vexer, et le « dites-moi » est trop inquisiteur)
-Dites, vous trouvez pas qu’il est un peu trop vert votre jogging, vous savez que vous pouvez vous faire arrêter pour attentat à la couleur ?
(Surtout pas : trop subjectif avec risque de bourre-pif)
J’opte finalement pour une question polie et absolument judicieuse, vous allez voir pourquoi :
-Excusez-moi monsieur, auriez-vous l’heure s’il vous plaît ?
Donc, au moment ou l’homme vert arrive à ma hauteur (ce qui ne veut pas forcément dire qu’il arrive par le dessus ou le dessous, on est bien d’accord, hein ?), je pose ma question sans hésiter, comme ça, d'un trait, bravant héroïquement le trou de mémoire :
-Excusez-moi monsieur, auriez-vous l’heure s’il vous plaît ?
Dès lors, enchaînement incroyable d’événements : le monsieur s’arrête. Me regarde. Le chien s’arrête aussi (mais tourne le museau ailleurs comme s’il avait quelque chose à se reprocher). Et là, vous savez ce qu’il me répond ?
-Mais bien sûr, mademoiselle…
Ses lunettes ne sont pas ajustées à sa vue me dis-je aussitôt… pour la simple et bonne raison que je ne suis plus une "demoiselle", mais plutôt d’une "madamette"…pas très vieille, mais un peu quand même… enfin… plutôt vers le milieu que vers le début : il s’agit donc sûrement de fausses lunettes.
Puis il soulève son avant-bras droit. Place son poignet juste sous ses grosses lunettes qu’il avait justement sur le nez. Voyons-voir ce qu’il va encore me dire…
-Sept heures et trente-trois minutes mademoiselle !
Et hop ! un indice de plus :étant en possession d’une montre parfaitement à l’heure, il fait donc bien exprès de débarquer - peut-être même d’atterrir ou d’émerger- à sept heures et trente minutes sur ce même trottoir de l’avenue Maréchal Foch…
Je le remercie de manière tout aussi naturelle que je l'ai abordé, puis je continue de suivre mon prétendu chemin …Lui? Non, je ne sais pas vers où il est reparti.
-Excusez-moi monsieur, auriez-vous l’heure s’il vous plaît ?
Donc, au moment ou l’homme vert arrive à ma hauteur (ce qui ne veut pas forcément dire qu’il arrive par le dessus ou le dessous, on est bien d’accord, hein ?), je pose ma question sans hésiter, comme ça, d'un trait, bravant héroïquement le trou de mémoire :
-Excusez-moi monsieur, auriez-vous l’heure s’il vous plaît ?
Dès lors, enchaînement incroyable d’événements : le monsieur s’arrête. Me regarde. Le chien s’arrête aussi (mais tourne le museau ailleurs comme s’il avait quelque chose à se reprocher). Et là, vous savez ce qu’il me répond ?
-Mais bien sûr, mademoiselle…
Ses lunettes ne sont pas ajustées à sa vue me dis-je aussitôt… pour la simple et bonne raison que je ne suis plus une "demoiselle", mais plutôt d’une "madamette"…pas très vieille, mais un peu quand même… enfin… plutôt vers le milieu que vers le début : il s’agit donc sûrement de fausses lunettes.
Puis il soulève son avant-bras droit. Place son poignet juste sous ses grosses lunettes qu’il avait justement sur le nez. Voyons-voir ce qu’il va encore me dire…
-Sept heures et trente-trois minutes mademoiselle !
Et hop ! un indice de plus :étant en possession d’une montre parfaitement à l’heure, il fait donc bien exprès de débarquer - peut-être même d’atterrir ou d’émerger- à sept heures et trente minutes sur ce même trottoir de l’avenue Maréchal Foch…
Je le remercie de manière tout aussi naturelle que je l'ai abordé, puis je continue de suivre mon prétendu chemin …Lui? Non, je ne sais pas vers où il est reparti.
Comprenez-moi: à ce moment là de l'enquête, je suis tellement troublée par tout ce qui vient de se passer, que me retourner pour voir vers où il se dirige m'est absolument impossible.
Voilà.
Dès que j’aurai récupéré de la fatigue due à cette épuisante intervention, je me mettrai en quête de nouveaux indices qui pourront je l’espère éclaircir le mystère de la rue Maréchal Foch.
Salutations éreintées.
Salutations éreintées.