Le trajet de ma fin de journée.
C’est glacé. Le trajet de ma fin de journée est au début difficile, j’ai la voiture chargée de souvenirs plus ou moins heureux, de tensions, de rushes inutiles, de réflexions parfois imbéciles.
C’est froid. La chaussée est cernée de dangers potentiels, de pluies de graviers, de peur de giboulées, de cerfs écrasés et de camions déchaussés.
C’est tiède. La route pour rentrer chez moi se fait plus docile, le sol s’ assagit, et mes roues ronronnent au contact de l’asphalte docile. Le bitume est un fossile, où vit l’empreinte de mes pneus.
Je chauffe. J’attaque maintenant le virage ; mon chemin est un chat se lovant dans sa soie et ses plis moelleux. Il s’étire.
La voie qui me ramène à moi s’engouffre à présent sous un pont une place. Mon auto est une clé, le passage sa serrure. A cet instant, un vent de voûte dégrafe de ma tête la concentration crispée qui s’y agrippe la journée.
De l’autre côté, le chemin qui me ramène à la vie m’offre sa dernière côte. Je savoure le paysage. Je vois les animaux. Je sens l’odeur de la campagne.
Je brûle. J’atteins enfin cet ailleurs que le temps me permet. Je respire autre part que dans la vie active puisqu’il faut ainsi la nommer. Je respire encore mais je suis fatiguée.