Station de lave âge.
La caisse est pile au centre de la station. Une caisse automatique (bien sûr). Personne pour accueillir (évidemment). Un endroit déshumanisé pour êtres humains en quête de propreté. Pour voir la station s’animer, il faut au moins un humain avec voiture : celui-ci met des sous ou des jetons (petits ou gros selon la station) qu’il achète contre des sous à la caisse, et le spectacle commence …
La caisse est pile au centre de la station. Une caisse automatique (bien sûr). Personne pour accueillir (évidemment). Un endroit déshumanisé pour êtres humains en quête de propreté. Pour voir la station s’animer, il faut au moins un humain avec voiture : celui-ci met des sous ou des jetons (petits ou gros selon la station) qu’il achète contre des sous à la caisse, et le spectacle commence …
Pour quelques euros, la station de lavage s’anime : les gens viennent passer l’aspirateur dans leur voiture, la lavent à grands coups de jets d’eau puissants avec des grands pistolets appelés karshers (3 étapes : lavage, rinçage, lustrage… il suffit de tourner le bouton quand on veut pour changer de programme).
Côté aspiration, ils se contorsionnent à toute allure dans leur voiture avec un grand tuyau noir, ils se pressent parce que le temps c’est de l’argent. Aspirer tout le plus vite possible pendant le temps accordé. Parfois un drame épouvantable arrive : il ne reste plus qu’un petit bout de moquette à nettoyer et la machine s’arrête.
Alors le grand dilemme point : faut –il ressortir un jeton, laisser le bout de moquette sale, jurant avec le reste impeccable. Certains relativisent et lâchent l’affaire. D’autres s’accrochent et remettent un jeton en se disant que de toute façon, ils n’auront que plus de temps pour peaufiner leur travail et traquer l’ultime grain de poussière.
Mais au-delà de ce drame épouvantable, s’en cache peut-être un autre, plus existentiel… La maîtrise du temps… Ainsi, les « remetteurs » de jetons se rebelleraient contre le décompte du temps…et insuffleraient symboliquement à nouveau la vie à un moteur qui s’arrête… Comme ils aimeraient peut-être décider de leur durée de vie sur cette planète…
Après m’être moi aussi contorsionnée, après avoir traversé la terrible épreuve du temps qui s’arrête, j’ai contemplé la station, comme on contemple un monument, une oeuvre d’art… Elle était désertée, muette, morne, sans âme. Je l’ai regardée dans sa froideur et son dénuement d’histoire, si ce n’est le fait qu’elle a émergé de la zone industrielle pour des raisons d’argent et de propreté.
Après m’être moi aussi contorsionnée, après avoir traversé la terrible épreuve du temps qui s’arrête, j’ai contemplé la station, comme on contemple un monument, une oeuvre d’art… Elle était désertée, muette, morne, sans âme. Je l’ai regardée dans sa froideur et son dénuement d’histoire, si ce n’est le fait qu’elle a émergé de la zone industrielle pour des raisons d’argent et de propreté.
Décidément, il est des lieux qui ne sont faits pour y rester.